Toukan & Palmyre : Bonjour Eddine!
Eddine Belmahdi : Bonjour !
T&P : Peux-tu te présenter à nos lecteurs?
EB : Oui! Avec plaisir! Je m’appelle Eddine,je suis un styliste Franco-Italo Algerien, né il y a 29 ans à Chalon sur Saône
T&P : Parle nous de ton enfance Eddine.
EB : Alors, j’ai été élevé par ma mère. En effet mes parents se sont séparés après ma naissance pour diverses raisons, dont quelques différends culturels. La fameuse question concernant l’éducation, la religion était souvent source de conflits.
J’ai donc grandi avec ma maman, ma grand-mère maternelle et paternelle ainsi que mes tantes.
T&P : Quand te vient l’envie d’être styliste?
EB : J’ai baigné durant mon enfance dans le milieu de la beauté et de la couture. Ma tante paternelle était couturière. Elle était dans le style strass et paillettes. Il y avait ma mère aussi qui dessinait. Elle est Artiste et dessinait beaucoup de silhouettes et de portraits de femmes.
T&P : Tu as concrétisé ton rêve comment?
EB : Au lycée j’en parlais déjà. Mais comment se faire comprendre ?
J’ai tout simplement détesté ma scolarité. On avait tendance à me claquer au visage : »T’es à Chalon en ZUP, dans un collège public, tu crois que tu vas être styliste? »
T&P : Les ados sont cruels entre eux… Et au niveau de l’établissement, ça se passait comment?
EB : J’ai trouvé qu’on réprimandait plus qu’on essayait de comprendre…
T&P : T’as tenu comment ?
EB : Je suis bélier donc têtu (rires)
A 14 ans, j’allais souvent sur Paris pour voir ma famille et en même temps, je prospectais. Je cherchais où j’allais pouvoir travailler, faire des stages etc. Je poursuis mes études et je fais une terminale SES. Même chose, j’ai détesté. Mais j’avais pris l’option art pour me dire de ne pas oublier mon objectif.
T&P : Ton objectif qui était de te diriger vers une école de stylisme je suppose ?
EB : Idéalement, oui ! Mais c’était beaucoup trop cher. L’école déjà avait son prix, puis je n’habitais pas Paris. Donc tout ça, allait avoir un coût. Finalement, je me suis dit que les plus grands, comme Jean Paul Gauthier ou Yves Saint Laurent n’avaient pas fait d’école de mode. Donc pourquoi je n’y arriverais pas ? Pourquoi se formater et absolument passer par une école?
T&P : Tu commences ta carrière comment?
EB : Au début, je travaillais avec une negafa. Mon rôle était essentiellement d’observer et de déceler les tendances. Je m’occupais aussi de la communication. Puis après, j’ai décidé de commencer réellement ma carrière de styliste. Je débarque à Paris.
T&P : Et là, tu vis ton premier coup dur.
EB : Effectivement. J’avais de la famille sur Paris. Je demande à être hébergé le temps de pouvoir m’installer professionnellement. Mais on ne m’ouvre pas la porte.
T&P : Tu avais un autre endroit où aller?
EB : Pas du tout. Du coup, j’ai dormi dans le métro.
T&P : T’as perdu espoir à ce moment là?
EB : Bizarrement non! Je vais te partager un truc. Ma grand mère paternelle m’a dit avant de mourir : » Tu réussiras quand tu quitteras Chalon… »
Et ce fut le cas … Je trouve un appartement, et je commence à créer. Mais d’abord, je fais des recherches, je puise dans mes origines et mes cultures.
T&P : Tu dédies d’ailleurs ta toute première collection à ta grand-mère paternelle.
EB : Oui ! Je voulais lui rendre hommage.
T&P : Comment on arrive à créer d’aussi belles pièces sans avoir fait d’école de mode?
EB : En se trompant! J’ai appris à coudre avec ma tante. Mais pour moi, la meilleure manière d’être styliste, c’est de se tromper et de gâcher des mètres de tissu.
T&P : La suite c’est quoi ?
EB : J’ouvre un Instagram. Je mets mes pièces en ligne et je propose à des célébrités Libanaises de porter mes tenues. Et c’est là que tout démarre, Natasha Sabeh, Nesrine Tafesh, Sara tekaya, Dresslike Mila, NesBeauties, Sarah Guendouz, Khadeeja Souleiman, Rims inspirations, Kamilya Ward…. elles m’ont toutes soutenu, et sont entrées dans la ruche une par une.
T&P : Aujourd’hui tu habilles les plus grands pour le festival du film d’Oran, ou pour des clips videos. Tu as confiance en toi et en ton travail?
EB : Pas du tout (rires)! Tu as peur constamment. Même si tu as de bons retours, tu es jugé sur ton travail. Aujourd’hui t’es IN, demain tu peux être OUT.
T&P : Quels stylistes t’inspirent ?
EB : Beaucoup! Mais on me compare souvent à Yves Saint Laurent de par la touche orientaliste. J’aime, j’adore Galliano et j’ai beaucoup d’admiration pour Elie Saab.
T&P : Qui se cache derrière Eddine Belmahdi?
EB : 3 femmes (sourire).
T&P : Quel est ton caractère ?
EB : Les gens ont tendance à dire que je suis un glaçon. Je dirais que je suis réservé d’apparence. Mais au fond, une fois à l’aise, je suis super gentil. (rires)
T&P : Tu viens de sortir ta collection de prêt-à-porter que tu as nommée FullMoon. Tu nous en parles?
EB : Volontiers! Alors, c’est la toute première collection de prêt-à-porter que je fais. C’est toujours avec des broderies faites à la main mais les tailles sont standard.
T&P : Pourquoi l’avoir nommée FullMoon?
EB : Pour toutes les nuits blanches passées à réaliser mes rêves. C’est une bataille quotidienne, et nocturne, pour en arriver là et continuer à avancer.
T&P : Qu’est-ce qui te tient le plus à cœur dans ton métier de styliste?
EB : Je veux mettre en avant, en France, la beauté de la mode algérienne et je veux montrer aux Algériens le savoir-faire Français.
T&P : Des projets ?
EB : Je rêve d’ouvrir ma boutique!
T&P : On te le souhaite du fond du coeur! Quelque chose m’intrigue. Pourquoi avoir choisi comme symbole l’abeille ?
EB : Tout est en rapport avec la femme. L’abeille travaille en communauté et tout se passe autour d’elle. Moi je cherche l’union à travers ce symbole. En dehors de ça, je suis amoureux du miel et du sucre (rires). Je m’inspire de la nature, des fleurs! Toutes mes clientes entrent dans cette ruche ! (sourire)
T&P : Un conseil à nos lecteurs et lectrices?
EB : L’image que tu dégages va te permettre d’avancer. Si tu as un mauvais comportement, tu n’auras rien de bon. Je te dirais aussi que si tu n’essaies pas, personne essaiera à ta place. Je terminerai en te disant que celui qui a échoué, c’est celui qui a arrêté.
T&P : Merci Eddine!
EB : Merci pour ce moment!
Toukan & Palmyre
J’ai eu les larmes aux yeux en lisant ton interview… Tu sais que j’ai toujours cru en toi et tout ce qui t’arrive aujourd’hui ce n’est que le début donc ne lâche rien!!! Je suis tellement fier de toi t’as prouvé à toutes ces personnes que tu étais quelqu’un mais ce n’est pas fini! Ta grand-mère et ta mère peuvent être fier de leur petit EDDINE. Quand tu es parti à Paris j’ai perdu ma moitié tous ces bons moments passés avec toi je ne les oublierai jamais j’espère qu’un jour on aura l’occasion de travailler ensemble toi-même tu sais… je t’aime.
J’aimeAimé par 1 personne
Jai beaucoup aimer cet interview, comme quoi partir de rien on peut reussir avec la volonter d evoluer ❤❤❤👏👏👏
J’aimeAimé par 1 personne